Le carême s'ouvre chaque année par le la célébration du mercredi des cendres où nous entendons proclamer la lecture de l'Evangile selon saint Matthieu. Le Christ nous invite à vivre avec lui au désert durant quarante jours pour dompter nos corps et nos désirs et faire grandir notre âme. Cette âme qui a soif de Dieu comme le psalmiste le chante : "Dieu tu es mon Dieu je te cherche dès l'aube, mon âme a soif de Toi, terre aride altérée sans eau." Ps 62.
Le programme qui nous est proposé est simple. Prenez quarante jours, ajoutez-y cinq dimanches qui marqueront les étapes vers Pâques, mettez-y encore quelques vendredi de jeûne et des oeuvres de charité, le tout accompagné d'une instante et continuelle prière et vous obtiendrez un carême fécond qui portera beaucoup de fruit de saintété.
Si la prière et l'aumône semble aquises pour tous, le jeûne est peut être moins évident mais il n'en reste pas moins d'actualité. De 18 à 60 ans, tous les baptisés sont tenus au jeûne les vendredi de carême et plus particulièrement le mercredi des cendres et le vendredi saint. Tout le sens et la portée spirituelle de cette abstinence et de ce jeûne sont admirablement rappelés dans l'oraison de la messe des cendres.
Accorde nous, Seigneur, de savoir commencer saintement, par une journée de jeûne, notre entraînement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l'esprit du mal. Par Jésus Christ Notre Seigneur.
Le jeûne et l'abstinence ne consitent pas en des relants de masochisme. C'est une pratique ascétique qui libère notre âme des désirs terrestre pour la laisser s'épanouir en Dieu. C'est l'occasion de lacher tous les boulets qui nous retienne au plancher des vaches pour nous élever vers les réalités célestes. Imaginer une mongolfière dont le pilote ne voudrait pas se séparer de ses sacs de sables. Comment pourrait il s'élever vers le ciel. Renoncer à contraindre nos instincts charnels, c'est renoncer à vivre dans l'intimité spirituelle avec Dieu. C'est renoncé à une élévation de l'âme vers son créateur. Ainsi, jeûne et prière sont liés. Je laisse donc à votre lecture cette homélie du Vème siècle qui manifeste pleinement la portée et la force de la prière dans notre marche vers le Royaume.
"Le bien suprême, c'est la prière, l'entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l'âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n'est donc pas l'effet d'une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.
En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu'elle s'applique à la prière ; il faut aussi, même lorsqu'elle est absorbée par d'autres occupations – comme le soin des pauvres ou d'autres soucis de bienfaisance –, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l'amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l'univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.
La prière est la lumière de l'âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.
Par elle, l'âme s'élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable ; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.
Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l'âme.
Lorsque je parle de prière, ne t'imagine pas qu'il s'agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l'Apôtre parle ainsi :Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.
Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu'un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l'âme. Celui qui l'a goûté est saisi pour le Seigneur d'un désir éternel, comme d'un feu dévorant qui embrase son cœur.
Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d'humilité, illumine-la par la justice ; orne-la de bonnes actions comme d'un revêtement précieux ; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l'édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l'y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possède déjà dans le temple de ton âme."