Pour moi, la Foi c’est la joie de croire dans le Christ, Sauveur et Ressuscité, et de se savoir aimer de Dieu, quoi qu’il arrive et quoique je fasse.
D’aussi loin que je me souvienne, depuis tout petit, j’ai toujours eu cette relation d’émerveillement et de remerciement envers Dieu, notamment lors de marches en montagne, ou au ski ; dans une approche un peu « contemplative », apaisée. Ma vie a été épargnée de grands malheurs, et je me suis senti nourri de grâces, un peu privilégié, humblement. J’ai souvent remercié Dieu, mais en oubliant parfois de m’adresser à lui dans des prières de demandes pour les autres.
Etudiant à Bordeaux avec Claude, j’ai redécouvert la foi partagée en toute liberté et avec chaleur, sous l’impulsion d’un aumônier jésuite, au contact d’étudiants enthousiastes qui ont renouvelé et «boosté » ma foi d’enfant. Les marches, les soirées organisées (déjà !), les chants de Taizé, les messes dynamiques et joyeuses, la jeunesse ambiante, m’ont convaincu que la foi dans le Christ pouvait être joie et action. Et d’autant plus que l’on y devenait « acteur » et non « consommateur ». La Foi, ce n’était pas une manière de penser, c’était une manière d’être, si on se laissait porter par elle dans notre vie.
Différents rencontres, de prêtres de religieux et de laïcs, m’ont bien convaincu de cela : le message du Christ est un message d’amour vécu dans la joie et dans la liberté ; il ne peut être que « intellectuel ». Ce vécu repose sur des rencontres, sur des témoignages de vie. Ce message « amour + joie » est Bonne Nouvelle ; il est évangélisateur, pour nous et pour ceux qui nous entourent et, au fil des années, je me sens de plus en plus concerné par le besoin de le transmettre.
La Foi c’est aussi la confiance et l’espérance dans les évènements et dans les gens : c’est admettre humblement de ne pas tout connaître, de ne pas tout comprendre, de ne pas tout savoir gérer. Cela m’oblige, chaque jour, à « limer » mon égo, mon orgueil, qui ressurgit sans cesse… Je pense souvent à la parabole du chameau qui devra passer dans le trou d’une aiguille : elle s’applique à tous les « riches » : pas seulement aux riches en argent, mais aussi aux riches en beauté, aux riches en savoir, en pouvoir, en intelligence... L’actualité récente déborde d’exemples de riches en perdition. Et moi-même, par certains côtés, je suis bien riche …
La rencontre des malades et des hospitaliers à Lourdes a été à cet égard une expérience formidable qui a élargi ma compréhension de la relation aux autres. Il est difficile de l’expliquer : il faut la vivre. Merci infiniment à ceux qui m’y ont amené.
… Disons quand même que j’ai pu y percevoir de manière « évidente » la présence de Dieu dans chaque Homme, et la joie que l’on peut avoir à se mettre au service, sans contrainte, sans obligation, tout simplement par choix, en toute liberté. Il en ressort une joie profonde, partagée, qui se place tout droit dans le sillage du message de l’Evangile. Ce n’est pas rien, non ? ! … Et c’est pourtant tellement simple…
Le Christ est, comme il l’a dit, le Chemin, la Vérité et la Vie. Comme chrétien, j’ai mis du temps à m’imprégner de cette phrase fondamentale. Certes, je suis pêcheur, je prends parfois des chemins de traverses, et ne suis pas « meilleur » que les autres (et d’ailleurs pourquoi et comment nous jugerions-nous les uns par rapport aux autres, selon nos critères personnels et bien trop subjectifs, selon la connaissance toujours très imparfaite que nous avons de l’autre, de son histoire, de ses motivations ?). Mais je sais où est le Vrai Chemin qui alimente ma vie et qui peut me donner une joie profonde : c’est le chemin du Christ. Et Lui me sauve, et me ramène inlassablement vers ce chemin de joie et d’épanouissement. Encore faut-il que j’en sois conscient. A cet égard, Zdzislaw m’a beaucoup aidé dans la « relecture » des signes de Dieu dans ma vie. Merci à lui.
Cela, je ne souhaite pas le garder pour moi ; j’ai envie de le dire, de le faire savoir à ceux qui m’entourent, et notamment aux jeunes qu’il m’est donné de rencontrer et qui sont en pleine construction de leur personnalité de futurs adultes. La foi est un soutien irremplaçable face aux inquiétudes et aux choix qui se posent à eux. C’est aussi un ferment d’amitiés profondes, à tout âge.
Deux mille ans après la venue du Christ, l’attente de la Bonne Nouvelle reste immense dans notre société, même si elle n’en n’est pas consciente. L’annoncer n’est pas qu’un « devoir », c’est aussi et surtout une joie à partager, ensemble, ici et maintenant, sans attendre un paradis futur, par la prière et le témoignage, par la manière d’être, par l’entraide, par les discussions ou par la musique et les chants. Dans le prolongement de la fameuse parabole des Talents, il y a une place pour chacun d’entre nous dans la réalisation de cette Annonce : j’y ai donc aussi ma place.
Pour moi, la Foi c’est (au moinsJ) tout cela…
Philippe